Le « retour en grâce » de 1870
Alors que la guerre reste le propre de l’Homme et que celle qui oppose depuis près de deux ans la Russie à l’Ukraine nous renvoie des images de tranchées tout droit sorties de la Première Guerre mondiale. Alors que Bakhmout et Gaza nous renvoient quant à elles à Stalingrad, les guerres passées n’en finissent pas de s’imposer à nous. Il en est de même de la guerre de 1870-71 qui, dans les Vosges, n’est toujours pas vraiment terminée du côté des deux Raon ; Raon-sur-Plaine et Raon-lès-Leau, qui n’en finissent pas de réclamer leurs forêts spoliées au nom de la concorde franco-alsacienne post Grande Guerre. Cette guerre perdue, oubliée, boudée depuis près de 150 ans par les contemporains, écrasée par deux autres guerres, mondiales celles-ci, fut pourtant matricielle dans les Vosges. Elle a redessiné le visage de notre département, placé à la « Garde d’Honneur » directe face à l’ennemi jadis héréditaire, causé un essor industriel et économique considérable en Déodatie, modifié la pyramide des âges, généré un patrimoine militaire devenu attrait touristique majeur et favorisé la recomposition elle-aussi militaire de tout un département, devenu certainement le plus militarisé de la France de l’entre-deux-guerres. La guerre franco-prussienne de 70-71 n’a pas tout révélé de son Histoire et l’étude, tant de ses figures, citons ici d’emblée Antoinette Lix, de ses artistes, convoquons également Joseph-Emile Gridel, que de toute une sociologie de ceux qui ont vécu 44 ans sur la « Ligne Bleue des Vosges » n’a pas fini de nous réserver des surprises tout aussi matricielles. 1870-71 revient et pourrait nous révéler quelques surprises.
Y. P.