Le 27 juillet 1919 est inauguré l’implantation d’un monolithe blanc, un simple bloc de granit d’environ deux mètres de hauteur qui ressemble à un menhir issu du fond des âges. Il s’agit en fait d’un morceau du mythique Mont Blanc, collecté dans la moraine du glacier d’Armentières, en Haute-Savoie, qui est érigé au centre du cimetière de Foucharupt. Ce monument, installé entre les tombes des sous-lieutenants Roger Allier et André Birmann a été apporté par Raoul Allier, le père du héros mort à la défense du passage à niveau des Tiges le 28 août 1914. Son installation à cet endroit a cérémoniellement inauguré par le général Ferdinand Justin Louis Blazer, qui commandait une brigade d’alpins, le général Michel, commandant la 43 ème D.I. et d’une délégation des bataillons de chasseurs alpins honorés par cette cérémonie. Un cortège, fanions et drapeaux déployés, s’ébranle depuis la rue d’Alsace, à l’endroit symbolique où s’est située « l’affaire Eberlein », pour se rendre au cimetière et honorer la mémoire des défenseurs de la vile dans les terribles journées d’août et de septembre 1914. Initialement, la stèle du Mont Blanc était donc installée près de l’allée centrale du cimetière, juste à côté à gauche de la très belle chapelle de la famille Constant Kurtzamnn, toujours visible à son endroit originel. Aujourd’hui, deux tombes modernes ont remplacé cette « mémoire » de primo-inhumation. A la création de la nécropole des Tiges, dans le quartier éponyme, les tombes des deux héros y ont été déplacées et le menhir du Mont Blanc réimplanté dans l’allée centrale, derrière le monument central « en mémoire des Soldats Français morts pour la défense de la Ville de Saint-Dié pendant la Guerre 1914-1918 ». 105 années plus tard, Raoul Allier et ses contemporain survivants de la Grande Guerre n’auraient pu augurer que ce morceau de « granit blanc des Alpes, se dressant sur la terre rouge des Vosges », petit morceau de Mont Blanc au milieu des alpins, serait classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco ? Décision riche de multiples symboliques, elle atteste que la Mémoire des Vivants pour les morts qui les ont devancés ne s’éteint jamais véritablement.
Y.P.
